Ce matin, nous allons nous promener dans la forêt de Ngamba avec les chimpanzés en cours d’intégration. Il est impossible de pénétrer dans la zone si un des mâles a décidé de rester dormir à l’extérieur mais, bonne nouvelle, seul un chimpanzé n’est pas rentré hier soir et celui-là est encore trop jeune pour se montrer brutal avec nous ! A 6h45, on retrouve Byron et Michael qui nous expliquent l’objectif et les conditions de notre mission.
Les chimpanzés arrivant sur Ngamba sont des animaux désociabilisés. Hors les chimpanzés vivent normalement en groupes hiérarchiques dans lesquels les étrangers sont rarement les bienvenus. L’enjeu consiste donc à recréer des groupes socialement stables où les nouveaux arrivants trouveront leur place. C’est pourquoi il est nécessaire de procéder méthodiquement et en plusieurs phases progressives afin de garantir le succès de l’opération. Les nouveaux arrivants restent d’abord en intérieur le temps de s’habituer à leur nouvel environnement. Ils sont ensuite introduits et intégrés au sein de petits groupes de résidents dans un espace réservé en extérieur. Une fois parfaitement acceptés, ils peuvent rejoindre le reste du groupe dans la forêt principale.
Les visiteurs de Ngamba peuvent participer à la deuxième phase du programme d’intégration en accompagnant un petit groupe de chimpanzés, tous âgé de 5 à 9 ans, dans l’enceinte extérieure ou lors d’une promenade dans la forêt. Ils aident ainsi les animaux à se sentir bien dans leur nouvel habitat et à retrouver confiance et assurance.
Les photos sont strictement interdites pendant la promenade, le sanctuaire refusant qu’on associe ses chimpanzés à des animaux de compagnie. Ce sera donc un moment à vivre exclusivement avec nos yeux (et avec nos mains) !
On pénètre dans l’enclos quand on voit arriver nos « petits » compagnons poilus. Emouvant et impressionnant à la fois. Ce matin, 8 d’entre eux sont de la promenade. Il y a les femelles Ikuru, Nani, Pasa, Namusika et les plus jeunes : Baron, Afrika, Rambo, Chicho.
Afrika est un chimpanzé femelle de 5 ans environs. Avant d’être confisqué dans la région de Kyambura à l’ouest de l’Ouganda, elle a vécu enfermé dans une cage en bois improvisée l’empéchant de s’étirer, sauf quand elle tendait le bras pour obtenir à manger. Elle était uniquement nourrie avec des bananes mûres et du pop-corn. A son arrivée, elle était faible et déshydratée, avec très peu d’appétit.
Aujourd’hui, Afrika se porte bien et on la surnomme « the cutie » parce qu’elle est très appréciée des femelles de Ngamba.
Pasa a été remis à l’UWEC par un homme de Arua qui s’est rendu compte qu’il avait enfreint la loi en achetant un bébé chimpanzé auprès d’un commerçant congolais. Elle a été nommée ainsi parce que confisquée au moment où se tenait le « Pan African Sanctuary Alliance » à Entebbe. Cette organisation travaille à chercher des solutions pour stopper la multiplication des chimpanzés orphelins en agissant sur les causes mêmes du problème (commerce de viande de brousse et destruction des habitats).
Pasa avait environ 6 mois à son arrivée et elle a eu besoin de soins 24h/24 avant de pouvoir rejoindre le groupe des mineurs sur Ngamba. Elle est maintenant à l’aise avec ses congénères mais elle aime toujours le contact avec les soigneurs, en particulier pendant la promenade dans la forêt.
Byron nous confie quelques cacahuètes pour faciliter la prise de contact. Pasa est fermement décidée à tout avaler, attrape nos mains une à une et vérifie aussi qu’on a plus rien dans les poches. Et inutile de résister, ces animaux sont beaucoup plus costauds que nous !
On avance dans la forêt. Une des femelles n’a vraisemblablement pas envie de marcher ce matin et grimpe direct sur le dos de Vincent jusqu’à une clairière où on s’arrête un instant pour une séance de jeu et d’épouillage. Ikuru, qui aime surtout les femmes, s’occupe de fouiller la longue chevelure d’Antigone à la recherche de poux et de fourmis. De mon côté, j’épouille scrupuleusement Pasa qui me tient la main en attendant que je la débarrasse de ses bestioles. Les jeunes sont partis faire les fous dans les arbres et passent nous voir de temps à autres, vérifier qu’on est encore là et se faire gratter joyeusement par la même occasion.
On poursuit jusqu’à la grotte « des dieux » où les chimpanzés aiment à venir se recueillir tels des vieux sages (qu’ils sont loin d’être, il faut être honnête !). On se remet en route doucement. Cette fois, c’est Afrika qui est fatiguée et qui vient se poser sur mon dos. Ouch, c’est quand même drôlement lourd un chimpanzé et puis surtout, ça ne fait aucun effort pour se tenir ! Au bout de 10 mn, je transfère « the cutie lazy one » sur le dos de Vincent. En prenant connaissance de son histoire, on comprend mieux pourquoi la petite Afrika est si peu disposée à gambader gaiement dans les bois …
La balade se termine et il faut maintenant quitter leur espace de vie. Les soigneurs arrivent avec les fruits et avec les 40 autres chimpanzés plus indisciplinés et bruyants les uns que les autres. C’est l’heure aussi pour nous d’aller prendre le petit-déjeuner.
A 11h, nouveau repas des chimpanzés qui sont nourris 4 fois par jour. On tente de retrouver nos amis de ce matin mais c’est vraiment pas facile. L’armée débarque alors sur l’île ce qui semble n’étonner que nous … D’après Yunus, ils étaient en train de tester leur nouveau bateau et en ont profité pour s’arrêter ici. Les voilà même qui prennent des photos des chimpanzés en plein service !
On discute avec Michael du comportement des chimpanzés de Ngamba qui sont relativement dangereux à l’âge adulte et que les soigneurs eux-mêmes ne peuvent pas approcher. On avait trouvé les spécimens de Kibale plutôt relax à côté ! Michael pense que les chimpanzés ont naturellement peur de l’homme ce qui explique qu’ils sont moins imprévisibles et agressifs à l’état sauvage. Cette explication nous laisse du coup assez dubitatif sur la capacité des chimpanzés de Ngamba à retrouver un jour leur liberté totale dans une des forêts d’Ouganda.
Après déjeuner, on revient une dernière fois sur la plateforme saluer les 48 chimpanzés à qui on souhaite malgré tout de retrouver un jour leur habitat naturel.
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Alors qu’on attend le bateau qui nous ramènera à Entebbe, on discute un moment avec une étudiante canadienne anglophone mais qui parle très bien français. Elle est une habituée de Ngmaba où elle effectue ses observations depuis plusieurs années. Son sujet de recherche porte sur la comparaison entre le comportement social des enfants et des chimpanzés. Notre étudiante est passionnante, surtout qu’elle a aussi eu l’occasion d’aller observer les bonobos au Congo ou les gorilles des plaines au Gabon !
On aborde le sujet de l’hypothétique réintroduction des singes de Ngamba à la vie sauvage. Notre pessimisme se voit confirmer. Même si toute l’équipe espère un jour y parvenir, c’est un processus long et difficile qui demande un savoir-faire très précis et d’énormes moyens que le CSWCT ne possède pas. Alors quel est l’avenir des chimpanzés de Ngamba sauf de rester ici dans des conditions de vie incomparables par rapport à ce qui les attendait avant leur arrivée mais aussi incomparable par rapport à la liberté ? Aujourd’hui, Ngamba est arrivée au maximum de sa capacité. Les responsables du sanctuaire cherchent une autre île qui pourrait accueillir de nouveaux résidents dans de bonnes conditions.
Le bateau est là, il est l’heure pour nous de quitter la belle île des chimpanzés … On réalise à cet instant que le voyage prend fin également. Déjà. Trop tôt encore une fois …
A l’UWEC, on reprend notre petit banda. Vincent part avec les valises en voiture de golf pendant que j’arrive à pied, en passant évidemment pas notre allée favorite, celle des lions, des hyènes et des rhinos. Les hyènes sont d’ailleurs prises en flagrant délit de provocation des lions. Parce qu’ils ont eu le sens de l’humour à l’UWEC en installant ces deux ennemis de toujours les uns à côté des autres. Et c’est vraiment tordant de voir Freaky la hyène passer et repasser inlassablement devant la porte des lions provoquant systématiquement un rugissement qui ne semble pas du tout l’effrayer :)))
Côté rhino, c’est tout aussi marrant ! Les voilà qui jouent à chat dans leur enclos ! On les aime vraiment bien les résidents de l’UWEC. Et avec ces 2 rhinos là, nous aurons quand même eu le privilège de voir 10 des 12 individus vivant aujourd’hui en Ouganda !
Pour notre dernière soirée en Ouganda, on dine un poulet frites au banda, pile poil comme avait été notre première soirée 3 semaines plus tôt chez Lhydia, à seulement quelques kilomètres d’ici :)[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]