Entre Third Bridge et Xakanaxa, on commence à sentir de plus en plus les difficultés liées à l’eau et à se moquer de moins en moins de notre vieux baroudeur … Beaucoup de pistes sont coupées et il s’agit de savoir appréhender la difficulté sans se retrouver coincé.
A la première route bloquée, on reste un long moment dubitatif. Heureusement, nos amis belges de la veille s’approchent de nous. On prend un petit café (vive le thermos !) avant de tenter de franchir la route. A deux, on est nettement plus vaillant et ça passe impec !
De l’autre côté, on s’attarde sur un petit zèbre et sa mère, un groupe de cobes des marais et un beau mâle kudu. La lumière est superbe et on enchaine film et photo.
On poursuit notre chemin vers la zone où ont été aperçus les lions la veille. Mais la région de Xakanaxa est un vrai labyrinthe et on a beaucoup de mal à s’orienter. Finalement, on part vers l’est où se dessine une vaste plaine entrecoupée de pans asséchés : la terre des lions par excellence !
On croise une voiture de rangers à qui on demande si la bande des félins a été vue aujourd’hui. Ils nous expliquent qu’ils étaient bien dans le coin hier mais qu’ils ont bougé cette nuit vers le nord. C’est pas encore gagné pour nous :(
L’après midi, on décide de remonter jusque Dead Tree Island. On traverse encore de nombreux passages difficiles mais on s’en sort pas mal finalement.
Malgré tout, on préfère rebrousser chemin devant le pont défoncé de Dead Tree. Sur le retour, on s’arrête à un beau point d’eau occupé par de nombreux hippopotames dont une femelle et un petit qui broutent tranquillement au bord du lac.
Dans les zones boisées, ce seront les grands kudus, les girafes, les babouins et les vervets qui seront au rendez-vous. On verra aussi pour la première fois les grosses corneilles noires, une sorte de pintade locale peut être ?
Mais il commence à être tard et il faut prendre la direction du camp. Une dernière route bien humide traverse la plaine devant nous.
On a franchi toutes sortes de passages difficiles avec succès aujourd’hui et on s’engage sans réfléchir. Sauf que là … ça passe pas.
On est embourbé jusqu’à mi-roues. Dans une heure, la nuit tombe, il va falloir faire vite pour partir de là ! On sort le cric, la pelle, on coupe de l’herbe et quelques morceaux de bois et on se met au travail. Enfin, moi, j’assiste surtout. Vincent a les pieds dans la boue, les mouches sont insupportables et on a beaucoup de mal à utiliser ce fichu cric. On parvient à placer quelques bouts de bois sous les roues arrières mais la voiture refuse toujours de bouger.
Au loin on voit les impalas courir dans tous les sens. Ca sent le lion à 100 mètres ça … Quelques minutes plus tard, c’est un éléphant, venu de nulle part à patte de velours qui vient nous rendre visite. On vous jure qu’on l’a pas vu arriver celui là ! Il s’éloigne plutôt cordialement. Enfin, on voit arriver des animaux courant à toute vitesse dans notre direction. Le temps de réaliser qu’il s’agit de chiens sauvages, on file se réfugier dans la voiture ! On a beau être dans la galère, c’est génial de les voir traverser la plaine de part et d’autre du 4×4 !
On ressort et on réalise qu’on pourra pas s’en sortir seul quand finalement une voiture approche au loin ! Tels des naufragés, on appelle à l’aide avec de grands gestes et la voiture vient vers nous. Il s’agit d’un guide avec ses clients. Pendant que Vincent explique la situation, je vais m’excuser auprès d’eux d’interrompre leur safari. Ils m’expliquent qu’ils ont vu lions sont à quelques mètres de là … Oui, on avait plus ou moins deviné …
Le guide ne pense pas pouvoir nous aider. La zone boueuse est trop large sans qu’il risque de s’embourber lui même et nos cordes sont trop courtes. Il décide d’aller chercher secours au camp des rangers, non loin d’ici.
La nuit tombe sérieusement.
Le guide revient avec deux rangers. A pied. Pas de véhicule pour tracter notre 4×4 ? On s’inquiète un peu. D’accord, on est 4 mais comment on va se sortir du bourbier ? Les deux rangers se montrent détendus et très sympathiques. Ils partent chercher du bois et nous disent de ne pas nous inquiéter et qu’ils s’occupent de tout ! Ils nous racontent qu’ils ont l’habitude et qu’ils ont passé une nuit entière à dégager un 4×4 la semaine passée. On reste un peu sceptique mais optimiste.
Cette fois il fait nuit noire. Et on a même pas un petit bout de lune pour nous éclairer.
Les rangers essaient de soulever la voiture à l’aide du cric. Mais on enchaîne les tuiles. Le grand cric est grippé. Malgré leur tentative pour le réparer, ils abandonnent au bout d’une heure et commencent à soulever chaque roue avec le petit cric et la pelle comme support. C’est artisanal et laborieux mais ça marche !
En attendant, on surveille un peu ce qui se passe aux alentours avec nos petites lampes frontales quand j’aperçois 2 yeux à quelques mètres. Aïe, c’est quoi ça ??? Un des rangers vient regarder. Il s’agit d’une hyène. Un peu de bruit et elle s’enfuit (hé hé, froussarde …).
Plus tard, on entend de nouveau des mouvements dans les herbes. Tiens, on dirait que la hyène est de retour … Les rangers m’expliquent qu’il s’agit plutôt d’un lion cette fois. Ah. Un lion.
Vincent sort sa lunette à visée nocturne et constate en effet que les lions sont tapis à une dizaine de mètres de nous. Moi, je vois juste la queue d’une lionne partir dans les herbes. C’est plutôt angoissant. Les rangers nous rassurent mais allument quand même les phares de la voiture pour les dissuader d’approcher …
Au bout de 3 heures de travail acharné, nos rangers couverts de boue tentent une première sortie. La voiture bouge, on est super content ! Mais pas longtemps … On remet vite des morceaux de bois sous les roues avant et on retente. Cette fois c’est la bonne !! On hurle littéralement de joie !
On embarque les rangers à bord de notre bousier (y a pas d’autres mot …) pour les ramener à leur camp. Ils nous proposent de nous installer dans la cours pour éviter de rouler la nuit jusqu’à un camp qu’on ne connaît pas. On accepte volontiers. On a notre lot d’aventures pour la soirée.
On est tout crasseux mais vraiment soulagé. Par contre, on peut faire une croix sur notre safari du matin, c’est une grosse séance de ménage qui nous attend demain ![/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]
Quelle aventure! Faut-il pour autant se dissuader de la tenter en 4×4 équipé camping? Votre véhicule était-il à la hauteur? Un land rover defender serait-il passé là ou vous êtes embourbés? Et puis ces animaux si proche dans une nuit d’encre… du très grand frisson quoi.
Nous souhaitons nous rendre dans ces régions en juillet/août 2012 et nous espérons que les guets seront plus faciles, que les pistes seront sèches. Faut-il savoir piloter un 4×4 avec dextérité pour oser s’aventurer dans ces parages?
A bientôt et merci pour les textes et les photos (au fait quels appareils et objectifs ? Quelle société de location du véhicule 4×4) ?
Oui, le véhicule était plutôt à la hauteur mais pas nous ;-) Nous ne nous sommes pas méfiés du tout de cette zone qui paraissait peu profonde. Alors que c’est justement là que l’embourbement est le plus probable ! Je ne sais pas dire si le Land Rover aurait été plus efficace (oui sur les passages inondés et profonds parce qu’il est plus haut mais les 4 pneus dans la boue, ça doit revenir au même, quel que soit le véhicule) …
Il faut aussi savoir que 2009 était une année exceptionnellement humide. Vous ne serez peut être pas confronté aux mêmes difficultés. L’expérience du 4×4 n’est pas obligatoire, il faut en connaitre un peu le fonctionnement (faire un stage si nécessaire ?) et y aller au bon sens … quand on en a, parce qu’il nous a clairement fait défaut sur le cas présent, hé hé … C’était une première pour nous et ça faisait aussi parti de l’aventure !
Alors, pour répondre à votre première question : ne vous laissez pas dissuader ! Au pire des cas, nous aurions dormi à l’abri dans la voiture et nous aurions sûrement été aidés au petit matin.
Surtout, n’hésitez pas à demander aux rangers à l’entrée des parcs si les routes sont bonnes ou s’ils ont connaissance de certaines difficultés. Ils sont les meilleurs atouts pour réussir !
Sinon, concernant le loueur, nous avons choisi Britz, il me semble pour des raisons de budget et de mise à disposition du véhicule à Maun.
Enfin, le matériel photo : à ce moment là, je n’avais en ma possession qu’un bridge Panasonic Lumix Z18. Depuis, je suis passée au reflex (utilisé pour le voyage au Zimbabwe) : un Canon 40D muni de 3 objectifs (Ultra Grand angle 10-24 de Tamron, Standard 28-70 de Tamron et Téléobjectif 70-300 de Canon). Il faut que j’ajoute un article sur le sujet un de ces jours :o)
Merci pour votre message et très bon voyage à vous !
GÉNIAL ! J’arrête de crier, mais c’est génial ! Ce qui vous arrive et le récit, on s’y croit, les pieds dans la boue et les hyènes dans l’ouïe !
Bon, je continue, un grand sourire sur les lèvres
Bernard
PS : les pintades noires, ou bucorves du sud ou calaos terrestres (Bucorvus leadbeateri) ne sont pas comestibles !
C’est un des conseils qu’on devrait donner : embourbez-vous ! ;-) Mais en restant prudent quand-même … Les prédateurs ne sont jamais bien loin …