« Je prend conscience peu à peu d’un silence presque absolu. »
Délia Owens, Le cri du Kalahari

A Sunday Pan, les pintades sont beaucoup plus matinales que nous. Alors qu’on ouvre difficilement les yeux, on les entend sauter dynamiquement de leur perchoir. Il semblerait qu’il soit l’heure pour nous aussi de mettre le pied à terre …

On se met en route pour Piper vers 7h. On choisit de passer par Leopard Pan afin d’éviter la piste centrale très sablonneuse et relativement peu intéressante. Alors qu’on traverse la plaine, on trouve un grand troupeau de springboks, deux chacals, un phaco, une autruche, deux koris, quelques oryx. En arrivant sur Deception, pas le choix, on fait une énième pause « ground squirrels » :)

On s’engage cette fois pour de bon sur la piste de Letiahau. Avancer à travers la vallée asséchée est déjà un spectacle en soi. C’est vaste et presque vide si on ne prête pas attention aux petits otocyons planqués par-ci par là sous les buissons et souvent trahis par leurs grandes oreilles qui dépassent.

A Letiahau, le waterhole est à l’arrêt et il n’y a plus une seule goutte d’eau pour les animaux. Pourtant, on rencontre ici pas mal de girafes dont on dit qu’elles sont capables de se contenter de l’eau présente dans les feuilles des acacias !

A partir de là, on ne verra quasiment plus aucun animal. La piste est de plus en plus sablonneuse et les 40 derniers kilomètres sont les plus problématiques, surtout concernant notre consommation d’essence !

Au bout de 4h de route, on découvre enfin Piper ! Et quel enchantement ! Ce ravissant coin de savane isolé se compose de vastes plaines toutes dorées où se regroupent des gnous, des oryx et des springboks. Malgré la fin des pluies intervenue très tôt cette année, les animaux sont encore présents, grâce au point d’eau artificiel qui leur permet de survivre ici. D’ailleurs, il y a déjà un peu de monde qui tourne autour et notamment des vautours, des aigles et des kudus.

On rejoint le camp n°2, situé derrière les plaines, en direction de Xade. On s’installe, on se douche, on déjeune, on photographie des adorables suricates qui passaient par là (hum …), on bouquine, le très approprié « Cri du Kalahari » pour l’un, les aventures de Mma Ramotswe pour l’autre.

C’est à ce moment là qu’on est saisi par le silence absolu qui nous entoure. On n’entend strictement rien, pas un oiseau, pas un insecte, pas même le bruit du vent. C’est curieux. On a presque l’impression d’être les deux survivants d’un monde qui n’existe plus …

On repart faire le tour de Piper en fin de journée, histoire de vérifier quand même qu’on n’a pas atterri dans une dimension parallèle. Ouf, les oryx, springboks, gnous, otocyons, chacals et écureuils sont toujours au rendez-vous ! Par contre, à mesure que le soleil se couche, il devient évident que les prédateurs sont partis voir ailleurs si l’herbe est plus verte et les troupeaux plus appétissants … Notre journée se termine au point d’eau où les springboks nous offrent un magnifique spectacle de sauts et de ritournelles. On rentre au camp à la tombée de la nuit, heureux d’avoir fait la route jusqu’à ce petit eden retiré.