A Victoria Falls, comme dans d’autres coins de Zambie, du Zimbabwe ou d’Afrique du Sud, il y a la possibilité de s’adonner à une activité devenue plutôt populaire auprès des touristes : marcher avec les lions.

Au premier abord, c’est plutôt séduisant et le programme commercial mis en place par Alert, pour ne citer que celui-ci, y va de sa bonne communication pour montrer que cette expérience singulière aura des conséquences bénéfiques pour la protection des félins. Sachant cela, quel passionné des gros chats ne se laisserait pas convaincre ?

De notre point de vue, on a toujours trouvé ça bizarre comme méthode de conservation … mais vu qu’on trouve aussi bizarre de mettre des animaux en cage dans des zoos, il se pourrait qu’on soit devenu un brin excessif :-)

Cela dit, on se demande vraiment ce que deviennent les jeunes félins devenus trop vieux et donc trop puissants pour rester à proximité des touristes sans danger ? Sont-ils réellement remis en liberté ? De même se pose la question de leur origine : où les lionceaux sont-ils prélevés et comment sont-ils élevés ?

Nous ne connaissons malheureusement pas les réponses même si on a une vague idée de la réalité de la situation (lire à ce propos le billet de Peter Borchert sur le blog d’Africa Geographic). Par contre, on connait maintenant avec certitude l’inadaptaion de cette méthode dans le cadre d’une politique de préservation des espèces menacées.

Un rapport publié par Oryx, The International Journal of Conservation, met ainsi un terme au beau discours protectionniste de ces programmes, au delà même des questions de prélèvement et d’élevage que nous citons plus haut.

L’étude a été menée par des experts et des biologistes de l’organisation mondiale de protection des félins Panthera, des spécialistes des félins de l’IUCN et une équipe de chercheurs universitaires, dans le but d’examiner les programmes commerciaux de rencontre avec des lions en captivité et leur capacité à participer réellement à la protection des espèces.

Pour résumer, elle conclut aux éléments suivants :

1- Un grand nombre de preuves montrent que les populations de lions sauvages continuent d’être des sources viables pour les interventions de réintroduction dans la nature et qu’il n’y a pas de raisons par conséquent de recourir à l’utilisation d’animaux captifs.

2- Même si la population de lions sauvages venait à manquer, il serait illusoire de croire à la réhabilitation de lions captifs dans la nature, encore plus lorsqu’il s’agit de population ayant participé à des programmes commerciaux et ayant vécu en contact étroit avec les hommes depuis leur plus jeunes âge. Il a d’ailleurs été montré que les lions retenus en captivité peuvent se montrer bien plus dangereux pour les hommes qu’ils ne le sont naturellement.

3- Enfin, même dans les meilleures conditions possibles, l’élevage des lions en captivité ne contribue guère à s’attaquer aux causes profondes du déclin de l’espèce à l’état sauvage.

Le rapport est sans appel : ces programmes ne peuvent pas représenter un modèle pour la protection des animaux, cela ne fonctionne pas (aucun lion captif n’a jamais été réintroduit dans la nature) et surtout, cela est parfaitement inutile … voire en contradiction avec les objectifs annoncés : on a appris récemment que les lions captifs du programme Alert de Victoria Falls alimenteraient plutôt des réserves de chasses que des parcs nationaux … Ca fait froid dans le dos.

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Nous aussi, on l’a fait …

Pour être complètement honnête sur la question, nous avons séjourné il y a quelques années en Afrique du Sud dans la réserve privée de Tshukudu qui offrait alors la possibilité de marcher à travers brousse en compagnie de Tobby, jeune lionceau orphelin élevé par une chienne labrador.
Même si les réserves privées n’ont pas vocation à jouer véritablement un rôle dans la protection des espèces et qu’elles sont là surtout pour gagner de l’argent, cela n’excuse pas cette pratique, ni le fait d’y participer.

Aujourd’hui, le lionceau devenu adulte représente sans doute un véritable danger pour la réserve. Et d’ailleurs qu’est-il devenu puisque d’autres lionceaux semblent l’avoir remplacé depuis pour la promenade matinale ?

On se souvient également là-bas d’un magnifique léopard condamné à rester en cage parce qu’il n’avait pas peur des hommes et qu’il était devenu dangereux pour eux. Même si le léopard agit différemment des lions, cela montre bien l’échec de ce genre de pratique qui assure un avenir peu envieux à ces animaux.

La seule différence vient peut-être de l’approche très « industrielle » des programmes de rencontre avec les lions que n’ont pas forcément les réserves privées pratiquant ce type d’activité … Encore que … Business is business.[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]