Murchison Falls ou « la plus grande cataracte du Nil »

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Équipé de notre nouvelle voiture, on quitte le Ziwa vers 8h sous un ciel menaçant. Hier, nous avons profité de notre incident technique pour lire le contrat de location de Road Trip Uganda qui stipule que nous devons obtenir une autorisation pour utiliser la voiture sur la route reliant Masindi à Paraa, au cœur du parc de Murchison Falls. Ah … On a pas d’autorisation.

Le loueur explique que la route est particulièrement difficile et que de nombreux conducteurs perdent le contrôle de leur véhicule. Pour finir de nous convaincre, le contrat mentionne des attaques de mouches tsé-tsé (limite enragées) et une route bien plus « scenic » en passant par le nord.

On regarde sur la carte. C’est un gros détour de 100 km mais quasiment que sur la highway. Allez, on tente ! On prend la direction de Masindi jusque Kibangya où il faut prendre à droite pour remonter vers les chutes de Karuma. Ce tronçon de route tombe en ruine et demande un peu d’attention à cause des « safety first » qui avancent toujours de façon aussi déterminée …

Paraa_big

On passe les chutes et on se retrouve soudainement sur un bitume flambant neuf et désertique. On roule bien. Mais qu’est-ce qu’on s’ennuie …

On décide donc de bifurquer à Purongo sur une piste qui devrait nous mener jusqu’à Wangkwar gate à l’est du parc de Murchison. Il aurait fallu continuer jusque Packwach (Tangi Gate) complètement au Nord pour que le détour soit vraiment efficace … Peu importe, nous voilà de retour sur les pistes, à 55 km de Paraa et on est drôlement plus content.

Il nous faudra 1h30 pour atteindre notre but. Mais la route du Nord s’avère effectivement vivante et panoramique ! On croise d’abord des cobes d’Ouganda, puis des bubales, un varan, des phaco, des babouins, des éléphants, des impalas, des buffles … et surtout des girafes, plein de girafes ! Ca bouge pas mal par ici !

Pourtant ce n’était pas gagné dans cette région ayant vécu l’abondance et subi la dévastation. Alors que le parc était sans aucun doute l’un des plus riches et des plus denses d’Afrique dans les années 60 et qu’il abritait alors une population exceptionnelle d’éléphants de 14 000 individus, la guerre et le braconnage organisé ont dramatiquement vidé la réserve de tous ses animaux. A la fin des années 70, avec le règne d’Amin Dada, le nombre d’éléphants est tombé à 1400 individus, puis à 200 dans les années 90, pendant que les rhinocéros disparaissaient complètement de la région.

Aujourd’hui, la tendance est en train de s’inverser même si les dommages engendrés par l’instabilité auront sans doute des effets irréversibles. La population des girafes a tout de même doublé, celle des éléphants remontée à 1100 individus et les lions sont revenus en nombre dans les plaines du nord !

On arrive à Paraa vers 14h où on est soulagé de trouver de l’essence. Elle est ici un peu plus chère qu’ailleurs (4500 shillings/litre) mais elle nous sauve de la panne. On n’a en effet croisé aucune station, ni d’ailleurs aucun distributeur de billet sur le chemin.

On traverse la rivière avec le ferry et on débarque au Red Chilli Camp. L’accueil est sympathique et les températures caniculaires. On s’installe au camping où des overlanders sont déjà arrivés. On se met dans un petit coin, entre 2 pattes d’hippo incrustées dans la gadoue. La pluie est tombée récemment et le camping a un peu tendance à se transformer en piscine !

A 15h30, on est prêt à repartir explorer le parc. On décide de se rendre aux chutes et de consacrer la matinée de demain à la partie nord. C’est sans doute un de nos plus mauvais plans mais ça, on l’ignore encore … Pour l’instant, on file en direction des chutes où nous aurions dû camper hier soir. La route est chaotique, parsemée de trous profonds pas toujours visibles dans le sable rouge. Road trip n’avait peut être pas tort de déconseiller cet itinéraire ? Les tsé-tsés sont aussi de plus en plus nombreuses et très envahissantes même si elles piquent moins qu’en Zambie.

Lorsqu’on arrive aux chutes, il est déjà 17h … ce qui nous laisse peu de temps. On emprunte le petit chemin qui mène au bord et là, on n’en croit pas nos yeux ! Les chutes sont super impressionnantes et très puissantes. Magnifique spectacle !

Mais il faut déjà repartir au camp si on ne veut pas trop déborder sur la nuit … En route, on s’arrête bravement devant un petit groupe de buffles en plein hamam. L’un d’eux semble un peu nerveux mais la scène est terriblement esthétique dans la lumière rasante du soleil couchant …

Au camp, on n’a pas le courage de préparer à manger et on cède à l’odeur alléchante des bolognaises du Red Chilli Camp. L’ambiance est vraiment sympathique et conviviale. On peut boire un verre tranquillement, manger un morceau, recharger ses batteries, lire un livre, profiter de la vue, découvrir aussi l’histoire tragique de celui qui a créé cet endroit si différent de ce qu’on a l’habitude de trouver dans un parc national.

L’auberge a en effet été montée par un certain Steve Willis qui a choisi de renoncer à son travail diplomatique par amour de l’Ouganda. Avec sa femme Debbie, il lance le premier établissement du genre à Kampala puis rapidement une extension à Murchison Falls. C’est là qu’un jour de novembre 2005, Steve reçoit un appel de détresse venu d’un pseudo groupe d’explorateurs à qui il part immédiatement porter secours. Il tombe en réalité dans une embuscade dressée par les rebelles de la LRA, qui, armés de fusils d’assaut, l’abattent d’une balle dans le coeur.

Voilà la deuxième fois que la LRA fait parler d’elle sur notre parcours. C’est dire que cette rébellion a laissé des traces indélébiles depuis sa création en 1988.

Voilà, on aime bien le Red Chilli Camp de Paraa :) Mais on ne s’attarde pas ce soir : demain, on espère arriver les premiers pour la traversée du ferry !

La chute d’eau, d’une blancheur éblouissante, formait un magnifique contraste avec les noirs rochers qui encaissent le fleuve, tandis que les palmiers gracieux des tropiques et les plantains sauvages ajoutaient de nouveaux charmes au paysage.

C’est là certainement la plus grande chute du Nil.

Samuel Baker, Découverte de l’Albert N’Yanza. Nouvelles explorations des sources du Nil, 1867

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2016-12-02T14:09:36+00:00

2 Commentaires

  1. Georges 13 novembre 2012 à 1 h 31 min␣- Répondre

    Les photos sont vraiment belles. J’adore celle des 3 girafes avec les 2 impalas au premier plan.
    Le photo du buffle dans la boue (+la photo cadrée sur l’oeil) est géniale.
    Ca donne vraiment envie ! Encore !

  2. Mademoiselle Sétans 20 novembre 2012 à 9 h 26 min␣- Répondre

    Elles sont très belles ces girafes !

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